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Claire Geraets tire un (très mauvais) bilan de la CoCoM après 4 ans et demi de législature

Claire Geraets tire un (très mauvais) bilan de la CoCoM après 4 ans et demi de législature

C'est l'heure des bilans au Parlement. Hier, Claire Geraets, députée bruxelloise du PTB a tiré celui de la CoCoM. Santé, pauvreté et allocations familiales... le bulletin n'est vraiment pas brillant. Lisez ci-dessous l'intervention de notre parlementaire.

Aujourd’hui, nous votons le budget qui aura une influence sur la vie quotidienne de 1,2 millions de Bruxellois, quelle que soit leur langue. Nous parlons de santé, de pauvreté, de handicap, de sans –abrisme, et de ressources pour les familles. Ce qui est le plus interpellant, c’est le manque de plan pour tous ces secteurs

 

Santé

Malgré le fait que le PTB ne soit pas du tout d’accord avec la 6° réforme de l’Etat, elle aurait pu être l’occasion d’élaborer un véritable plan de Santé Publique, avec des priorités selon les critères de l’OMS et suite aux nombreuses consultations du début de la législature qui ont suscité beaucoup d’espoir de tous les secteurs. Le plan aurait été suivi de la mise sur pied d’une structure pour l’application du plan, et enfin les budgets nécessaires pour le faire.

Mais les choses se sont faites à l’envers : en premier lieu, la mise sur pied de la structure, ensuite le budget pour faire fonctionner la structure. Et ensuite le plan. Et le gouvernement nous demande d’approuver un budget pour un plan qu’il nous avait promis pour septembre mais dont nous ne disposons toujours pas.

Avec pour conséquence des propositions d’actions qui ne correspondent en rien aux besoins des Bruxellois et équipes de santé :

22,5 % des Bruxellois, à savoir 270.000 personnes, reportent leurs soins de santé pour des raisons financières. Que proposez-vous pour y faire face ? Le renforcement du dispensaire Athéna, deux nouveaux Centres de type « Centre de Santé Global », et 2.000.000 d’ € pour les nouvelles initiatives. Même pas 10 € par Bruxellois.

A Bruxelles, 54% des habitants ont ce qu’on appelle un « Dossier Médical Gobal », ce qui correspond à une inscription chez un médecin généraliste. On peut donc considérer que 46% des Bruxellois n’ont pas de médecin généraliste attitré.

Ce n’est pas deux centres de santé supplémentaires qu’il faut à Bruxelles, mais au minimum 150. Et un plan pour y parvenir.

D’après le rapport de l’Observatoire de la Santé et du Social sur l’état de la médecine générale à Bruxelles, paru en avril dernier, le premier problème à l’installation d’équipes de première ligne est le manque d’infrastructure. Il faut en premier lieu des locaux. L’augmentation du fond Impulseo ne répond en rien à cette situation.

 

Pauvreté

Nous aurions dû avoir un plan en 2014, 2016 et 2018. Finalement nous avons un « programme d’actions » ;

Quelques chiffres :

Près d’un tiers des Bruxellois vivent avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté

En 2017, 93.994 dossiers étaient ouverts en règlement collectif de dettes, dont plus de 13.000 pour cette année – là.

Le plus grave est que 28,7%, des dossiers, c’est –à-dire pour 27.000 ménages, ce ne sont pas des crédits, hypothécaires ou non. Ce sont des dettes relatives aux charges courantes. C’est-à-dire le loyer, l’alimentation, l’énergie, les soins de santé, les taxes.

55% des familles surendettées sont confrontées à des dettes consécutives à des accidents de la vie (maladie, séparation/divorce, perte d’emploi) et une famille sur deux fait face à un manque de ressources qui implique une insolvabilité structurelle.

55.000 personnes ont recours à l’aide alimentaire

On ne va pas résoudre le problème de la pauvreté à Bruxelles par quelques bureaux supplémentaires de médiation de dettes et quelques épiceries sociales, comme votre gouvernement le propose.

Même s’il est révoltant de voir le MR s’insurger en commission contre la non prise en main de la lutte contre la pauvreté à Bruxelles, lui qui est à l’origine de cette explosion au Fédéral par ses mesures anti-sociales depuis 4 ans, il est urgent de prendre en main les causes de pauvreté à Bruxelles, et en premier lieu le coût du logement, dénoncé par toutes les associations de terrain.

Pour le PTB, il faut un plan d’urgence de construction de logements publics bon marché, pour soulager les ménages bruxellois et résoudre la question du logement, comme à Vienne.

Cela permettrait aussi de faire face à la question du sans – abrisme : toutes les associations le clament depuis des mois : pour résoudre le sans – abrisme, et c’est possible puisque la Finlande le réalise, il faut en premier lieu éviter que les personnes se retrouvent à la rue. Et donc garantir que leur loyer soit payable. Et ensuite garantir massivement des logements accessibles pour sortir de la rue.

Aujourd’hui, suite à la forte mobilisation des associations du secteur, nous avons bénéficié de l’audition de toutes ces associations en commission, qui l’assurent : par une autre politique, comme en Finlande, on peut en finir avec le sans-abrisme à Bruxelles. Mais votre gouvernement fait le choix de privilégier l’accueil d’urgence dans ses budgets.

 

Allocations familiales

Le PTB était tout à fait opposé à la régionalisation des allocations familiales, qui va compliquer un système qui fonctionnait bien et va mettre les Régions en concurrence, mais aussi les caisses d’allocations.

Une note du Comité Bruxellois de la CSC d’avril 2018 l’avoue d’emblée : il est difficile de comparer l’ancien système fédéral et le nouveau système régional sous forme de tableaux synoptiques.

Il est difficile de savoir si quelqu’un y comprend quelque chose et si quelqu’un sait ce qui va se passer pour les familles.

Comment vont être calculées les allocations des ménages recomposés ? La réponse n’est pas claire.

Voici le témoignage reçu récemment d’une maman d’un enfant porteur de handicap :

« Il y a quelques mois, j'ai reçu un courrier de Famifed pour me dire que suite à la régionalisation, mon dossier allait être transféré à Bruxelles.

Il y avait aussi une personne de contact et un numéro pour si je voulais plus de renseignements. Evidemment, j'ai appelé

Quand j'ai demandé au monsieur ce qui allait se passer maintenant, il a dit (très gentiment!) : "Ecoutez, madame, je ne peux rien vous dire parce qu'on n'en sait rien. C'est le bordel ici. A priori, ça ne devrait rien changer, mais, en fait, je ne peux pas vous le garantir. On n'a aucune info et tout doit encore être organisé. Au-dessus de nous, ils n'ont pas l'air d'en savoir plus...

Bref, je suis désolé mais il faudra attendre pour voir s'il y a du changement ou pas. Mais, a priori, vous devriez garder votre intervention majorée pour votre enfant. Mais le montant, je ne peux pas vous le garantir."

Depuis, plus de nouvelles. Imaginez-vous l’inquiétude des familles à quelques mois du changement de système.

 

Soins de santé, pauvreté, sans – abrisme, allocations familiales, rien ne se résoudra avec votre politique, et nous ne pourrons pas approuver ce budget.