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Uber est le grand gagnant du texte “sparadrap” proposé par la majorité PS-Ecolo-DéFi.

Uber est le grand gagnant du texte “sparadrap” proposé par la majorité PS-Ecolo-DéFi.

Nous avons assisté ces derniers jours à un match en 3 rounds, dont Uber sort le grand gagnant. Le texte sparadrap de la majorité PS-Ecolo-DéFi ouvre grand la porte du secteur taxi à la multinationale Uber, qui n’aura même pas à respecter les prix minimum du secteur. Avec le texte du gouvernement, Uber reprend ses activités et rebranche son application UberX dès ce samedi 11 décembre. Voici l'intervention de Youssef Handichi au Parlement bruxellois sur le texte "sparadrap" de la majorité.

Ces derniers jours on a vécu un match contre la multinationale Uber. Un match en 3 rounds.

Round 1: Le chantage sans scrupule d’Uber

On a d’abord assisté au chantage sans scrupule d’Uber, qui a pris en otage les chauffeurs pour “mettre au pas” le gouvernement bruxellois.
Uber débranche son application le vendredi 26 novembre à 18h. Ce n'est évidemment pas pour respecter subitement une décision de justice. On sait tous qu’Uber se développe en toute illégalité depuis des années.

Uber est tellement confiant dans son pouvoir qu’il annonce hier, au moment même où vous êtes encore en Conseil des Ministres, qu’il est satisfait et que son application sera rebranchée.

Round 2 - Sparadrap 1

Uber est tellement puissant que certains partis du gouvernement forment une majorité alternative - de droite - pour faire voter une ordonnance légalisant son activité ! C’est le “sparadrap 1”, écrit par Uber lui-même, qui lui déroule le tapis rouge. La multinationale pourrait alors continuer purement et simplement les activités qu’elle exerçait illégalement depuis des années.

MR et NVA, eux qui ne font que détricoter tous nos acquis sociaux, sont d’ailleurs tellement enthousiastes vis-à-vis de cette proposition Uber qu’ils veulent la cosigner.

Round 3 - Sparadrap 2

C’est à ce moment du match que je me rends compte de ma grande naïveté malgré mes 45 ans ! Je m’explique.

Vous annoncez en cours de journée via un communiqué que les partis de la majorité se sont finalement mis d’accord : en gros, les chauffeurs LVC pourront intégrer le secteur taxi, en suivant les règles du secteur taxi. Nous découvrons alors, en cours de commission hier soir le texte “sparadrap 2”, qui va dans le même sens que votre communiqué. Jusque là, on vous suit.

Mais le coup de théâtre arrive à 23h30 avec la dernière modification déposée par tous les partis de la majorité, PS inclus. Vous décidez finalement que les chauffeurs LVC peuvent entrer dans le secteur taxi, mais en étant exemptés des tarifs minimums. C’est donc une solution sur mesure pour Uber, qui peut continuer - légalement cette fois-ci - son dumping social !

Voilà pourquoi Uber s’était montré satisfait et avait déjà promis de rebrancher la prise. Au parti socialiste, vous nous avez bien eus ! On vous entend depuis des semaines critiquer le grand méchant loup Uber, mais en réalité, vous venez de leur ouvrir grand la porte. Vous en profitez en fait pour avancer vers votre plan taxi qui va offrir à Uber son statut sur mesure.

J’ai cru un instant aux grandes déclarations de Jamal Ikazban disant que “jamais au grand jamais” il ne signerait un texte légalisant Uber. J’ai cru un instant, en lisant le communiqué de presse de Monsieur le Ministre-Président, que le parti socialiste allait mettre des conditions pour que les chauffeurs, les travailleurs, puissent intégrer le secteur taxi en urgence, mais en excluant la multinationale Uber et son modèle de dumping.

Quelle déception ! Quelle naïveté ! Vous êtes très fort.

Issue du match : Uber est le grand gagnant

Donc concrètement, demain matin Uber reprend ses activités en toute légalité. Et re-débranchera la prise aux premiers mécontentements rencontrés lors du plan taxi à venir. La droite voulait dérouler le tapis rouge à Uber, et la majorité avec le PS ne déroule pas le tapis rouge dans son discours, mais leur ouvre quand même grand la porte dans les faits.

Pour rappel

Nous sommes contre le modèle qu’Uber and co veulent imposer au secteur. Uber impose ses tarifs hors concurrence pour avaler tout le marché. Il débranche l’application quand bon lui semble, sans devoir indemniser ses travailleurs. Et par exemple, un chauffeur n’a pas le droit de connaître la course à l’avance, il ne sait pas si la course sera rentable pour lui, et si jamais il la refuse, il risque d’être banni pendant 24h. Toutes les conditions de revenus et de travail du secteur sont ainsi tirées vers le bas. Uber ne paie pas d’impôt (et entre parenthèses, votre condition qu’en janvier Uber ouvre une “unité d’établissement” ne va rien changer à ça).

C’est pour ça qu’hier nous avons aussi introduit notre amendement : pour que les chauffeurs LVC puissent intégrer le secteur taxi avec les règles du secteur taxi, mais aussi pour que désormais ce soit Uber qui risque des sanctions et pas les chauffeurs. Il s’agit d’un amendement qui répond à l’urgence sociale de faire travailler un maximum de monde, tout en empêchant à Uber d’imposer son modèle de dumping.

Malheureusement, vous avez fait votre choix. Vous avez préféré permettre à Uber d’entrer dans le secteur taxi avec ses propres tarifs notamment.

Conclusion

On va s’abstenir, parce qu’il faut maintenant laisser à l’ensemble des chauffeurs le temps de lutter pour un plan taxi d’avenir. Un futur plan taxi qui exclue le modèle des multinationales telles Uber, Heetch et consorts. Pour que cesse ce dumping social sur tout le secteur. Il est nécessaire de mettre dehors Uber et son modèle, comme cela a été possible à Barcelone : grâce à la mise en place d’un plan taxi, concerté, qui modernise et re-dynamise tout le secteur taxi, avec un même statut et des mêmes règles, pas de concurrence déloyale, une application neutre - gérée par le public et vraiment efficace.