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Pourquoi le plan Good move n’est pas la solution pour mieux se déplacer à Bruxelles

Pourquoi le plan Good move n’est pas la solution pour mieux se déplacer à Bruxelles

Le projet Good move est un vaste plan de mobilité élaboré par la Région bruxelloise. L’objectif annoncé par le plan est de « réduire la voiture dans la capitale et améliorer le cadre de vie des Bruxellois ». Si c’est pour améliorer la qualité de vie, alors pourquoi ce plan provoque autant de protestations dans les quartiers populaires ?

Blocs de béton et prison à ciel ouvert

Le premier plan “apaisé” a été appliqué à Anderlecht et plus précisément dans le quartier populaire du Cureghem. Concrètement, les habitants ont été bouleversés par les nombreux changements de sens de circulation et par l’installation de blocs de béton pour créer des « espaces » pour les piétons et cyclistes en pleine voirie. Le but : réduire le trafic de transit à l’intérieur des quartiers, orienter les voitures vers les voiries principales et créer de nouveaux espaces publics.

Alors ce plan, l’apaisement ? Tout le contraire. Les habitants du quartier se sont littéralement retrouvés emprisonnés dans leur propre quartier. Ils ne parvenaient plus à rentrer chez eux, des embouteillages monstres se sont créés dans des rues où a priori la circulation ne posait pas spécialement problème, les temps de trajets doublaient voire triplaient. Bref, les habitants se sentaient pris au piège. Une maman a même témoigné en expliquant qu’elle n’a pas pu déposer ses enfants à l’école, étant obligée de retourner chez elle car tout était bloqué. Côté commerçants, c’est la colère également : certains ne savaient plus assurer leur livraison, perte de clients.

Good Move ne fluidifie pas la mobilité à Bruxelles

Avec la création des boucles à sens unique dans les quartiers et l’installation des blocs de béton, le plan apaisé consiste à envoyer les voitures vers les axes principaux. Ceux-ci ont très vite été bouchés, créant ainsi des files jusque dans les quartiers où ce plan est sensé créer l’apaisement. Les grands axes sont alors encore plus embouteillés que d’habitude. En effet, comment les usagers de la voiture pourraient se passer de leur voiture, du jour au lendemain, tant qu’il n’y a pas d’offres alternatives efficaces ?

Est-ce que le plan Good Move veut résoudre les embouteillages sur les grands axes ?

Au contraire, ces embouteillages sont un levier presque nécessaire pour forcer les Bruxellois à adapter leurs comportements. Comme le dit l’expert Bas de Geus (UCLouvain) : « Au début, les gens essaieront de dévier via la petite ceinture. Seulement quand la petite ceinture est complètement saturée, et que les Bruxellois se disent : « je ne peux pas aller tout droit, ni autour », qu’ils seront prêts à s’adapter ». »1 Dégoûter les automobilistes, leur faire vivre un vrai calvaire au quotidien, dans l’espoir qu’ils abandonnent la voiture par dégoût, sans leur proposer de véritables alternatives.

Good Move, c’est une vision de la ville où ces travailleurs qui ne peuvent pas se passer de la voiture n’ont plus leur place. Chaque déplacement prendra tellement de temps et coûtera tellement cher que l’usage de la voiture sera réservé aux plus aisés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que dans le haut du Pentagon, côté Sablon et Parlement, les rues restent double sens. Pour eux, pas besoin de quartiers apaisés. Ce traitement n’est que réservé aux quartiers les plus populaires (d’ailleurs avec le moins de voitures par habitants!).

Good move n’est pas écologique

Des milliers de témoignages vont dans le même sens : les temps de trajets sont plus longs, les boucles poussent les automobilistes à effectuer des détours plus longs. Conséquence : les moteurs tournent et polluent donc plus longtemps. Cette situation ne permet pas de réduire la pollution issue des voitures, au contraire. Sans parler de la pollution sonore qui a également fortement augmenté : plus de stress pour se rendre au travail (temps de trajet plus élevé), l’incompréhension des plans poussent les gens à bout et les klaxons se sont multipliés.

Good move ne rend pas les rues plus sûres

Le chaos créée par les sens de circulation et les blocs de bétons, l’absence de concertation et d’information sur le plan et sa complexité ont rendu les gens fous. Le nombre de demi-tour, de marche arrière, de non respect des nouveaux sens de circulation ont rendu le quartier moins sûr en terme de sécurité routière. Parmi les acteurs du quartier qui appuient cette observation : une directrice d’école primaire située au cœur du quartier de Cureghem. La situation était à ce point dangereuse que la directrice a interpellé par mail l’ensemble des conseillers communaux pour les alerter et demander d’arrêter le plan « apaisé », pour garantir une meilleure sécurité routière…

Nous avons également récolté les témoignages de plusieurs cyclistes qui estiment également que de leur point de vue, les rues ne sont pas plus sûres. Un comble lorsque la Région défend que le plan permet une meilleure sécurité pour les usagers faibles…

Est-ce que les partis traditionnels investissent dans des alternatives efficaces ?

Si on regarde de plus près l’offre des transports publics, elle n’a pratiquement pas augmentée depuis 30 ans à Bruxelles et dans les alentours. La STIB est passée de 176 km de rails dans les années 70 à un total de 187 km en presque 50 ans. 11 kilomètres sur 50 ans, cela fait 200 mètres de nouvelle ligne par an… C’est ça l’alternative ambitieuse qui est proposée aux travailleurs ? La STIB propose des fréquences de 15 à 20 minutes durant les heures creuses la semaine ou les week-end (à Dunkerque, la fréquence de tous les bus est en dessous de 10 minutes.) Et la nuit,ce n’est plus possible de se déplacer en transports en commun, car le réseau STIB s’arrête à 1h30 du matin.

Le RER qui devait relier efficacement Bruxelles et sa périphérie est bloqué depuis presque 30 ans. Voilà la politique ambitieuse en terme de transports publics prônée par les partis traditionnels (MR, PS et Ecolo)… On aurait pu espérer une politique ambitieuse à la SNCB, avec un Ministre Ecolo… Mais non, on est en train de désinvestir : on ferme des gares ou des guichets dans les gares, on réduit le personnel, on compte augmenter les tarifs des trajets, on prolonge le temps des trajets et aujourd’hui on a battu le record du nombre des trains en retard.

Alors, aujourd’hui, y-a-t’il une alternative efficace qui tend à réduire l’utilisation de la voiture ?

 

Un plan « Good move » qui divise les travailleurs.

Le plan de mobilité défendu par la Région exclut en fait une partie de la classe travailleuse : ceux qui travaillent la nuit, tôt le matin, ou qui ont une charge très lourde de travail, ceux qui ont du mal à se déplacer, ceux qui livrent, ceux qui n’ont pas accès à une connexion rapide en transport en commun (dans les zoning,…), ceux qui doivent soigner à domicile, le personnel de secours, de voirie... et tous ceux qui doivent déposer leurs enfants à l’école (famille mono-parentale, familles recomposées,..) , à la crèche, aux activités extra-scolaires. Pour cette partie de la classe, la voiture n’est pas juste un sentiment de liberté, comme certains voudraient le faire croire.

La voiture, c’est un outil de travail et beaucoup ne peuvent, objectivement, pas s’en passer fautes d’alternatives.

Il n’est pas acceptable pour le PTB d’appliquer des plans qui excluent une partie de la classe travailleuse et les empêchent d’aller travailler, le tout dans une attitude moralisatrice et méprisante, comme le fait particulièrement Ecolo-Groen, avec la complicité du PS.

Les défenseurs d’une mobilité sans voiture promouvant une politique punitive et anti-écologique aiment rappeler qu’à Bruxelles, en moyenne un ménage sur deux n’a pas de voiture. Argument qui réduirait à lui seul le fait que l’autre moité doit se débrouiller à faire autrement. Ce que ces défenseurs de l’écologie punitive oublient, c’est l’utilisation sociale de la voiture, en particulier dans les quartiers populaires. Ce que ces grands moralisateurs oublient, c’est qu’une voiture, ça se partage ! Entre voisins, dans la famille, entre amis, voisins. Cette statistique d’un ménage sur deux est donc à prendre avec des pincettes et est une donnée parmi tant d’autres.

D’autres parts, les cyclistes doivent pouvoir circuler en toute sécurité et tous ceux qui aujourd’hui peuvent choisir ce mode de transport est une bonne chose.

Nous devons arrêter d’opposer les cyclistes contre les automobilistes. Tous veulent au final la même chose : pouvoir se déplacer efficacement, se rendre au travail, faire des courses, déposer ses enfants à l’école en toute sécurité.

Une ville où l’on peut se déplacer efficacement et vivre décemment

Le PTB défend une vision multimodale de la mobilité, avec comme fer de lance la promotion des transports en commun, solution collective et sociale de la mobilité². Mais aujourd’hui, tout usager des transports publics s’accorde sur le fait que l’offre des transports en commun : sa fréquence, ses lignes, ses horaires,… est insuffisante pour être, aujourd’hui, une véritable alternative. Le PTB veut investir massivement dans des transports en commun efficaces, dans Bruxelles et en périphérie, et pour une utilisation gratuite, comme cela se fait dans plusieurs européennes voire pays (Estonie et Grand-duché du Luxembourg). Nous avons besoin de parkings gratuits de délestage tout autour de Bruxelles pour permettre aux navetteurs de stationner leur voiture gratuitement et de prendre les transports en commun. Nous avons besoin d’un service de transports scolaires qui amène nos enfants à l’école en toute sécurité et gratuitement. Nous avons besoin d’une société de transport en commun qui augmente ses fréquences, même durant les heures creuses et les week-ends, avec un service nocturne tous les jours. Nous avons besoin d’augmenter les lignes de transports, pour relier aussi les communes entre elles, sans nécessaire systématiquement passer par le centre et changer trois fois de transports, comme c’est le cas pour faire, par exemple, Anderlecht-Forest.

Tant que toute ces alternatives ne sont pas une réalité, nous ne pouvons pas espérer une diminution de l’usage de la voiture.

Nous avons besoin d’un réel plan #GoodMove social et écologique : qui garantit des espaces verts et des espaces publics de qualité. Nous avons besoin d’une politique de la ville qui permet à toute la classe travailleuse de se déplacer efficacement et qui lutte pour des loyers moins chers et de qualité pour permettent à tous de pouvoir rester à Bruxelles.