Le gouvernement bruxellois a présenté sa nouvelle taxe kilométrique. Il prétend que cette taxe « intelligente » serait juste et permettrait de résoudre les problèmes d’embouteillages à Bruxelles. Voici 6 arguments qui montrent que c’est loin d’être le cas.
Tout le monde est d’accord qu’il faut trouver une solution aux embouteillages qui asphyxient Bruxelles. Mais, sous prétexte de vouloir résoudre le gros problème d’embouteillages à Bruxelles, la majorité bruxelloise PS-Ecolo-Défi opte pour une taxe kilométrique, sans proposer d’alternative valable aux automobilistes qui sont censés délaisser leur voiture suite à cette taxe. Pour le PTB, ce n’est pas avec des nouvelles taxes injustes qui font payer les travailleurs qu’on va y arriver, mais bien en développant des alternatives, comme des transports en commun plus performants.
1. Une taxe kilométrique qui nous coûtera 280 millions d'euros en plus
Ce qu'on sait déjà, c'est que la taxe kilométrique fera payer encore plus les travailleurs. La nouvelle taxe devrait rapporter 482 millions d'euros. Le gouvernement bruxellois avait promis de supprimer la taxe unique de mise en circulation et la taxe annuelle de circulation pour les Bruxellois. Mais ces deux taxes ne rapportent que 200 millions par an. Bref, la taxe kilométrique fera donc payer 282 millions d'euros en plus aux travailleurs.
2. Une taxe « intelligente »... qui touchera aussi les petites voitures
La taxe kilométrique sera payée par tout le monde qui roule à Bruxelles (Bruxellois et navetteurs). Elle se dit « intelligente » pour trois raisons. D’abord, plus on fait de kilomètres, plus on paie. Ensuite, plus on roule pendant les heures de pointe, plus on paie. Enfin, plus la puissance de la voiture est grande, plus on paie. Comment ça fonctionne ? La taxe est composée de deux parties : un forfait journalier que tu paies chaque jour que tu roules, plus un montant par kilomètre. Si tu roules après 19h ou avant 7h, tu ne paies rien. Mais dès que tu roules en journée, tu paies.
3. Un système qui pénalise celles et ceux qui n’ont pas d’alternative
La ministre de la mobilité Elke Van den Brandt (Groen) part du principe que c’est en sanctionnant le conducteur pour son mauvais comportement qu’il le changera. Or de nombreux travailleurs n’ont, à l’heure actuelle, pas d’alternative suffisante pour pouvoir se passer de véhicule. Et ce qui manque, c'est surtout une offre de transports en commun dans la proche périphérie de Bruxelles.
4. Un système qui pénalise les travailleurs, les travailleuses et les parents
Le PDG et les cadres ont peut-être la possibilité de choisir leurs horaires, mais les ouvriers, les indépendants techniques, et tous ceux qui travaillent dans les services en déplacement n’ont pas ce luxe. Et puis, avec le manque de places dans les crèches et les écoles, des milliers de familles sont obligées de traverser la ville pour déposer leurs enfants.
5. Une taxe qui touchera navetteurs et Bruxellois
Les régionalistes ciblent les navetteurs comme étant la « cause » des problèmes de mobilité à Bruxelles. D'abord, beaucoup de navetteurs sont des anciens Bruxellois qui ont fui la capitale à cause des loyers. Ce ne sont pas les navetteurs qui sont responsables des files, mais les politiques des années passées qui ont sabré dans les transports en commun, notamment. Le PTB refuse d'opposer les travailleurs bruxellois aux travailleurs venant d'ailleurs. Ces navetteurs sont les enseignants des enfants bruxellois, le personnel soignant des hôpitaux, les chauffeurs de bus de la Stib, etc.
Et surtout, ne nous trompons pas : cette taxe kilométrique touchera aussi les travailleurs bruxellois. Les Bruxellois ne paieront plus la taxe de mise en circulation et la taxe de circulation. Mais la taxe kilométrique, ils la paieront comme tout le monde et, pour certains, la facture sera très salée.
6. L’alternative ? Développer les transports publics et les parkings gratuits aux gares
Pour améliorer la qualité de vie et la qualité de l’air pour les citoyens, il faut de vraies alternatives publiques et écologiques. Des études montrent clairement que, s'il y a une bonne offre de transports en commun réguliers, fréquents, et financièrement accessibles, les travailleurs délaissent plus souvent leur voiture. Cela fait maintenant 30 ans que les partis traditionnels nous promettent un RER dont on n’a toujours pas vu l’ombre, mais, pour imposer une taxe kilométrique, ils se sont mis d'accord en moins d'un an. Plein de navetteurs seraient séduits par le train, s'il y avait des parkings gratuits près de leur gare de départ.
Les partis du gouvernement bruxellois disent vouloir désengorger nos routes pendant les heures de pointe, mais la SNCB fait tout le contraire et veut rendre plus chers les trains aux heures de pointe. Faire payer les gens qui utilisent la voiture en heure de pointe et faire payer les gens qui utilisent le train en heure de pointe : avec les partis traditionnels, on a le choix entre payer plus ou payer plus.
Il est temps d’investir dans des transports en commun performants et accessibles. Ça, ce serait écologique et social.
Calculez ici ce que vous coûtera la taxe intelligente
[1] tarifs calculés en amortissant la taxe de mise en circulation sur 5 ans et en comptant 220 jours de circulation automobile