Nous faisons face à une crise sanitaire très sérieuse. La situation des personnes sans-abris, migrantes ou non, devient de plus en plus critique. Il ne s’agit pas seulement d’une crise de l’aide sociale et humanitaire, mais aussi d’un problème de santé publique qui concerne désormais l’ensemble de la population. Pour le PTB, des mesures fortes doivent aussi être prises afin d’aider tous les publics qui n’ont pas la possibilité de se confiner, les personnes sans-abris et les migrants en situation précaire.
1. Réquisitionner hôtels et salles de sport et prolonger le plan hiver
D’un côté, les centres d’accueil sont submergés (depuis longtemps déjà). Certains centres ont même dû fermer vu l’impossibilité de respecter les consignes de distance. Le Samu Social n’accepte plus que les personnes déjà connues ou les plus en danger. L’Office Des Etrangers a fermé ses portes, laissant à la rue les demandeurs d’asile qui arrivent. Un travailleur social témoignait il y a quelques jours : “Nous avons accueilli une mère qui se retrouve à la rue. Elle est anémique et sort d’un cancer. On peut l’héberger et lui donner à manger, mais dans un endroit collectif qui est déjà bondé. On n’a pas de place pour confiner le public à risque. Et le respect des consignes de distances nous obligent à refuser de plus en plus de monde.”
Et d’un autre côté, une centaine d'hôtels a déjà fermé à Bruxelles. Les salles de sport sont vides. Il faut pouvoir disposer de ces endroits pour pouvoir héberger plus de gens et pour pouvoir respecter les consignes de distance et de confinement. De nombreuses personnes sans-abris ont des problèmes de santé : il faudrait pouvoir isoler préventivement ces personnes qui continuent, dans le meilleur des cas, à être hébergées et nourries dans des centres collectifs bondés.
Le gouvernement français a réquisitionné des hôtels. Certaines communes ont réquisitionné des halls de sport. Il faut le faire à Bruxelles. Et il faut aussi mettre fin à l’incertitude qui pèse sur le secteur d’aide aux SDF en prolongeant les infrastructures mises en place dans le cadre du plan hiver.
2. Mettre en place une coordination régionale des ressources et des besoins
Un autre problème majeur est la pénurie. Pénurie de nourriture, puisque les systèmes habituels d’approvisionnement (invendus, etc.) se raréfient. Pénurie de bénévoles, puisque les gens commencent à tomber malade, doivent s’occuper de leurs proches, ou doivent être écartés dès le moindre symptôme. Pénurie de matériel de protection (masques, blouses, gel, etc).
Pourtant de très nombreuses personnes sont demandeuses de pouvoir aider. Des ONG ayant une grande expertise de gestion de crise sont déjà présentes. Des services para-publics, comme les Cuisines Bruxelloises qui servaient des milliers de repas pour les écoles, peuvent être réorientés. Il faut qu’au niveau régional, on puisse faire l’état des lieux des initiatives, des besoins et des ressources disponibles. Pour ensuite organiser et re-diriger l’aide en fonction des priorités et de l’urgence, en renforçant d'abord les acteurs existant.
Une condition stricte pour que les services d’aide de première ligne puissent travailler est de protéger tous les acteurs. On doit dispatcher le matériel de protection selon des règles de priorité.
3. Créer des centres locaux de la solidarité
Nous avons besoin d’un point de chute dans les communes et les quartiers stratégiques. Pour concrétiser l’aide sur le terrain. Pour éviter les déplacements d’un bout à l’autre de la ville. Mais aussi parce que c’est à l’échelle locale que les bénévoles se fédèrent.
Les manquements structurels de notre société s’aggravent dramatiquement en temps de crise. Mais la solidarité qui se crée entre les gens est une vraie richesse pour pouvoir pallier les manquements de l’Etat. Pour le PTB, il est urgent de prendre des mesures. Tant pour aider les plus vulnérables, que pour contribuer à ralentir l’épidémie.