Caroline De Bock, conseillère communale à Ixelles s’est rendue aux portes du CPAS d’Ixelles en action syndicale. Depuis mardi passé, les portes de l’ensemble du CPAS sont restée closes. Ce vendredi, la commune a cédé à de nombreuses revendications sous la pression des travailleurs et travailleuses.
Rencontre avec Aurélie Meunier, déléguée syndicale CGSP.
Caroline : Peux-tu expliquer les raisons de cette action historique au CPAS d’Ixelles ?
Aurélie : C’est d’abord le service d’insertion socioprofessionnelle du CPAS qui a débrayé. La responsable de service démissionnait et aucune solution transitoire pour le fonctionnement du service n’avait été prise par les conseillers de l’action sociale, alors que la responsable avait proposé une solution pour que le service puisse être assuré. Pendant quatre jours, ils ont lutté et ont fini par obtenir gain de cause. La nouvelle a fait tâche d’huile et quelques jours plus tard, le service social dans son ensemble a cessé le travail. Il faut savoir que cela fait maintenant deux ans (depuis nos deux jours de grève) que nous attendons des solutions. Le manque de personnel est criant, nous n’avons pas les moyens nécessaires pour faire notre travail correctement. Le personnel s’épuise et travaille dans des conditions matérielles inadéquates. Du coup, on entre dans un cercle vicieux, avec des départs et des maladies, et donc plus de charge de travail pour ceux qui restent et qui sont déjà débordés et donc plus de personnes qui tombent malades, etc…
Cette situation est générale au sein du CPAS et concerne tous les services, raison pour laquelle tous les autres services ont débrayé par la suite. Quand on y pense, cette situation est la conséquence de deux ans d’immobilisme de la part des autorités. Maintenant, la coupe est pleine pour l’ensemble du personnel.
Caroline : Comment vous vous êtes organisés ?
Aurélie : Nous nous sommes unis en front commun et nous avons organisé des assemblées générales du personnel quotidiennement. Le personnel y a participé en masse. Les débats sont riches. Nous votons pour chaque décision. Nous avons organisé des réunions entre nous pour récolter toutes les revendications des travailleurs. Les délégués ont fait un travail de coordination et d’organisation remarquable. On essaie de faire attention à ce que tous les services soient entendus. Par exemple, au service du personnel, ils ne sont plus que deux pour traiter les salaires, à cause de problèmes de maladie. Vous vous imaginez, deux personnes pour traiter le salaire de 600 personnes… A l’infrastructure, c’est la même chose… Les aides-soignants de la maison de repos font actuellement des journées de 11 heures pour pallier le manque de moyens pour embaucher des intérimaires. Tout le monde croule sous la surcharge de travail. En plus de l’arrêt de travail et des assemblées générales, on a également manifesté à deux reprises. Et vendredi passé, c’étaient plusieurs centaines de travailleuses et travailleurs qui se sont réunis devant la commune d’Ixelles, en parallèles des négociations, pour mettre la pression.
Caroline : Quelles sont les victoires que vous avez obtenues ?
Aurélie : Ce vendredi on a rencontré le bourgmestre d’Ixelles. On y est allés pour obtenir des avancées concrètes, car les travailleurs ne veulent pas simplement des promesses, c'est-à-dire qu’on investisse de l’argent pour le CPAS. De l’argent et des bras pour travailler dignement, et surtout pour offrir un service correct aux personnes que nous aidons, qui sont les plus précarisés de la société. Concrètement, la liste de ce qu’on a gagné est longue! On a gagné l’embauche de plusieurs personnes à temps plein pour les services du personnel, les assistants sociaux et les maisons de repos. On a aussi gagné des revalorisations au service juridique, au service informatique, pour les assistants sociaux, les aide-familiales, la maison de jeunes, …Des examens de nominations seront organisés pour rendre cette revalorisation effective pour le personnel ouvrier. C'est important car cela aura un impact positif aussi sur leurs pensions. C’est une victoire historique qui va concrètement améliorer les conditions de travail! Bien évidemment, nous resterons attentifs à ce que l'application des mesures soit effective, et nous mettrons toutes les autres revendications sur la table des négociations. Le travail devra continuer.
Caroline : Quelles sont les leçons que vous tirez de cette lutte et comment voyez-vous la suite?
Aurélie : Ces victoires, on les a obtenues grâce à la mobilisation. Grâce à la pression qu’on a mise sur les autorités communales en développant un rapport de force. La lutte paye, et c’est enthousiasmant. Maintenant, nous serons attentifs à l’application concrète de ces victoires, et nous continuerons à nous mobiliser avec l’ensemble des travailleurs et travailleuses de l’administration locale et régionale à Bruxelles pour la suppression des niveaux E et l’augmentation de 10% des barèmes!
Le PTB Ixelles salue la lutte exemplaire des travailleurs et travailleuses du CPAS, et sera également attentif à l’application des mesures annoncées. Cette victoire est une victoire pour l’ensemble de travailleurs et travailleuses de l’administration locale et régionale, elle montre que quand on se mobilise, quand on crée un rapport de force, on peut gagner.