Une grève d’une envergure jamais vue chez KONE
Depuis mardi matin, Kone, le leader européen des ascenseurs, n’effectue plus de réparations et d’entretiens sur ses ascenseurs chez ses clients. En effet, ses travailleurs sont en grève pour une durée indéterminée. La cause ? Les travailleurs font face à une surcharge de travail de plus en plus importante.
De plus, la société a décidé d’installer un nouveau système de planification des interventions avec la géolocalisation de son personnel afin d’augmenter la productivité des travailleurs en diminuant leurs déplacements. Ceci permettrait à ses actionnaires d’engranger encore plus de bénéfices sur le dos des travailleurs. Ceux-ci ont donc décidé de dire stop. Après Bruxelles, les travailleurs de Herstal et Gosselies ont rejoint le mouvement ainsi que des travailleurs de Loppen, Kontich et Lummen. « La dernière grève a eu lieu, il y a dix mois pour demander une diminution de la charge de travail. Avant cela, il n’y avait plus eu de grève chez KONE depuis près de 20 ans. En ce moment, il y a toute une génération qui vit sa première grève d’envergure », explique Grégory Dascotte, permanent syndical de la FGTB Métal. Il s’agit d’une grève historique. Jamais en 30 ans de présence en Belgique, la société finnoise n’avait connu pareille mobilisation.
Les travailleurs n’en peuvent plus d’être pressés comme des citrons
Depuis plusieurs années, la charge de travail ne fait qu’augmenter pour les travailleurs. Il y a un manque constant de personnel. Chaque travailleur doit gérer environ 200 ascenseurs par mois en plus des entretiens et des gardes, ce qui impossible à faire en un mois. Les travailleurs accumulent donc du retard sur leur planning ce qui engrange beaucoup de stress dans leur chef. La conséquence est qu’un bon nombre du personnel de Kone est en burn-out à cause de la surcharge de travail. Le turn-over est important. De nombreux travailleurs quittent l’entreprise parce qu’ils n’en peuvent plus d’être pressés comme des citrons pour un salaire peu élevé.
Les travailleurs ont le droit de participer aux gains obtenus par les nouvelles technologies
Pourtant, l’entreprise est plus que florissante. Et c’est le moins qu’on puisse dire. L’année passée, l’entreprise a fait 1 milliard de bénéfices au niveau européen. Presque 900 millions de ces bénéfices ont été reversé à ses actionnaires.
Les travailleurs ont donc demandé une augmentation de leur salaire puisque l’entreprise va faire encore plus d’argent avec son nouveau système de géolocalisation, augmenter la cadence de travail et plus contrôler le personnel. La direction leur a proposé 500 euros net par année, des cacahuètes par rapport à ce que la société engrange. « La direction a tout de suite mis la pression pour que les organisations syndicales signent un accord. Pourtant, il était normal qu’on soumette la proposition aux travailleurs. C’est ce qu’on a fait et les travailleurs ont voté à 80% contre la proposition et pour la reconduction de la grève » explique Grégory Dascotte.
C’est le quatrième jour de grève et les travailleurs sont déterminé à continuer la grève jusqu’à ce que la direction propose des solutions convenables contre la surcharge de travail. Ils réclament aussi une part des gains de productivité amenés par l’introduction des nouvelles technologies. Les travailleurs créent les richesses de la société, ils ont donc droit à leur part du gâteau. Les syndicats européens suivent de près cette lutte, car sa conclusion pourrait donner un souffle de détermination au reste des travailleurs de KONE et de la métallurgie.
« Le président de KONE est l’homme le plus riche de Finlande avec 4,3 milliards d’euros dans son portefeuille. L’année passée, Antti Herlin a reçu 192 millions de dividendes rien que de KONE. Qui plus est, les révélations des Paradise Papers sur des transactions douteuses dans des paradis fiscaux révèlent qu’il aurait transféré des millions d'euros à une banque discréditée à Malte qui est liée à une enquête criminelle. »