Consternation : les activités de prêt des Médiathèques (6 médiathèques fixes et 2 discobus regroupés actuellement sous le nom PointCulture) vont s'arrêter. Ce concept unique est un vecteur de démocratie culturelle car il a pour objectif d’offrir un accès abordable et local à des œuvres artistiques (musique et cinéma) à tous. Par ailleurs, la Médiathèque dispose d’une grande collection de musique et de cinéma et propose de ce fait une offre culturelle large et variée.
Bien entendu, le numérique représente un défi pour les Médiathèques, tout comme d’ailleurs pour de nombreux secteurs de la société. Mais le numérique est également porteurs d’opportunités. Ne serait-il pas possible par exemple de combiner un lieu de prêt « réel » avec des œuvres empruntables en ligne ? Les échanges entre travailleurs et usagers des Médiathèques restent à nos yeux primordiaux car ils permettent des échanges d’informations, de conseils et des rapports humains. De plus, en fermant l’activité de prêt, quelles possibilités laisse-t-on aux gens qui sont moins ou pas à l’aise avec l’Internet ou qui préfèrent le contact humain ? Le succès de Muntpunt ne démontre-t-il pas qu’un service de prêt de musique et de cinéma a toute sa raison d’être ?
Il semblerait plutôt que la Médiathèque ait été victime, comme trop souvent dans le monde culturel, de la primauté du quantitatif sur le qualitatif. L’argument étant que suite à la baisse de locations à cause d’Internet, le service de prêts ne serait plus rentable. Les structures culturelles sont ainsi jugées sur leur rendement financier et sur le nombre de visiteurs plutôt que sur la qualité de leur travail.
Il n’y aurait pour l’instant pas de pertes d’emplois pour les travailleurs de la Médiathèque car ceux-ci se verraient réorientés vers de nouvelles missions dans les PointCulture qui continueraient à exister (mais sans les Médiathèques en leur sein). Mais il y a fort à parier que la fin du prêt aura comme conséquence de faire baisser la fréquentation des PointCulture, ce qui sur le long terme signera également leur arrêt de mort. Nous pensons que rendre les conseils d’administrations et comités de gestion des institutions culturelles plus ouverts à leurs employés, aux artistes et à la société civile aurait permis d’éviter une décision aussi brutale et de trouver d’autres solutions. En témoigne la réaction des usagers et sympathisants de la Médiathèque au travers de la pétition suivante :
https://www.change.org/p/madame-alda-greoli-ministre-de-la-culture-sauvons-les-collections-de-la-m%C3%A9diath%C3%A8que-de-pointculture .
Il est par ailleurs questionnant qu’une telle décision ait pu se prendre sous un gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à majorité PS (4 ministres sur les 6) et avec un président du Comité de Gestion et du Conseil d’Administration de PointCulture qui est président du groupe PS au Sénat. Alors justement que le PS, dans une de ses 5 propositions phares pour la culture dans son programme électoral de 2019, parle de « (…) garantir un maillage territorial qui assure à toutes et tous un accès à la culture (…) ».
Ce n’est pas en fermant des lieux comme les Médiathèques que nous rendrons la culture plus accessible pour tous. La prochaine étape serait-elle de fermer les bibliothèques au prétexte qu’il n’y a plus suffisamment de gens qui y vont ?