En juillet j'avais pris avec moi une bouteille avec une jolie étiquette pour expliquer votre accord de gouvernement. Une étiquette de « remède pour l’urgence sociale et écologique ». Mais en enlevant cette étiquette pour voir le contenu, on voyait que vous n’alliez résoudre ni la crise du logement, ni la pauvreté, ni les enjeux climatiques et de mobilité.
Nous sommes en octobre, seulement 3 mois plus tard, et cette fois j'ai pris avec moi un bol d'eau et des petit cailloux. Pourquoi ? Parce que 3 mois plus tard, votre accord de gouvernement fait déjà PLOUF. Il fait plouf et ce plouf confirme ce que nous disions déjà en juillet.
Il est l'heure de passer à la caisse avec le budget et c'est maintenant que les masques tombent !
Nous n’avons quasi aucun chiffre dans les mains aujourd’hui! On a entendu beaucoup de groupes de travail, d’états généraux, d’études. Mais sans budget, comment allez-vous prétendre résoudre la pauvreté et la crise climatique? Sans chiffres, cela reste des paroles en l’air. On a déjà lu dans la presse ces dernières semaines que l’argent n’est pas là et vous le confirmez aujourd’hui le cadre budgétaire est plus que serré. Cela veut dire que vos 3 options seront : reporter les projets annoncés voire les abandonner, couper dans les budgets et faire payer les gens. Ce n’est pas pour rien que le PTB le répète: sans sortir du cadre austéritaire européen il n’y a pas les budgets pour le social et le climat.
On va refaire l'exercice étape par étape.
Premier PLOUF : le logement
Dans la DPR figure donc la volonté de trouver une solution pour 15 000 des familles sur la longue liste d’attente pour avoir un logement social. Dans la déclaration de ce matin vous dites qu’en termes de logement “nous devons utiliser toutes les pistes possibles pour fournir des solutions aux familles”.
Je vais vous parler de plusieurs pistes :
Cela ne vous coûterait rien d’obliger, à travers les charges d’urbanisme, les promoteurs privés à produire un tiers de logements sociaux, comme le PTB le propose. Si nous appliquons ce principe aux projets futur et en cours, comme à Biestebroeck et autour de la Gare du Midi, une telle mesure, rapporterait pas moins de 1600 ménages.
À côté de ça, si la Région se mettait comme objectif de construire 100% de logements publics - dont 50% de logements sociaux - sur les terrains publics qu’elle possède, le potentiel serait énorme. Rien que dans les zones stratégiques, comme Josaphat ou Médiapark, il y a un potentiel de 8.000 logements publics dont quasi 4000 logements sociaux.
Prenons ensuite en compte le fait que pas moins d’1 million m2 de bureaux sont vides à Bruxelles. Un cadastre régional des bureaux vides permettrait aux pouvoirs publics de réquisitionner les bureaux vides au bout d’un délai d’un an d’inoccupation. De cette façon, 5000 nouveaux logements sociaux peuvent être créés.
La SLRB tient à sa disposition plus d’1 milliard d’euros qui ne sont pas utilisés. Cet argent pourrait parfaitement servir pour exécuter une partie des mesures dont nous venons de parler.
Mais qu’est-ce qu’on voit? Dans la presse, Madame Ben Hamou a déclaré qu’elle va, je cite : “d’abord tenter de réaliser les plans initiés par ces prédécesseurs”. Tenter? Le gouvernement va tenter de réaliser les plans qui auraient dû être réalisés depuis longtemps?
Comment est-ce possible? À chaque législature, depuis 2004, vous annoncez des plans pour réaliser des milliers de logements sociaux. Et le triste constat est que depuis 15 ans la production ne dépasse pas, en moyenne, les 110 nouveaux logements par an.
Et maintenant? Même plus aucune nouvelle ambition. Pas de nouveaux chiffres, pas de trace d’un budget conséquent, à peine 20 millions évoqués. Le seul chiffre annoncé ce sont les 6400 logements dont une grande partie doivent encore être réalisés depuis 2004, depuis 2004!
Ensuite, le Gouvernement mise sur l’acquisition “clé sur porte” de logements produits par le privé. Vous allez encore me dire “eh bien vous n’êtes pas contente?”. Non nous ne sommes pas contents car l’achat par exemple d’un complexe de logements à Jette est plus cher que le prix moyen d’une construction qui aurait été entreprise par les pouvoirs publics eux-mêmes. Le résultat c’est qu’un logement qui aurait coûté 200.000€ s’il était construit par le public, coûte en moyenne 243.000€ quand on l’achète auprès du privé. Une différence de 43.000€ par logement. Sachant qu’il s’agit à Jette d’un projet de 78 logements, la Région perd pas moins que 3,3 millions d’euros dans cette opération! Cela coûte plus cher aux pouvoirs publics et vous n’en avez même pas parlé.
En commission logement hier, nous n’avons rien appris non plus quant au budget qui serait dégagé pour l’allocation loyer que vous voulez généraliser. C’est reporté à la fin de l’année…
Votre objectif est de renforcer le logement via les AIS. Vous parlez de subsidiations à la hausse. Mais vous ne parlez en rien des effets pervers de ce système qui fait que des gros promoteurs et des banques investissent directement dans des AIS. Et c’est encore eux que vous subsidiez!
Comment pouvez-vous donc prétendre maintenant que vous allez trouver une solution pour 15 000 familles avec de telles politiques et si les chiffres ne suivent pas? Toujours est-il que si les loyers continuent à grimper ce qui est à craindre, ce sont encore les familles qui passeront à la caisse.
Cette semaine, la presse titrait que 40% des enfants bruxellois vivent dans la pauvreté ! L’étude de la Fondation Roi Baudoin montre que cette pauvreté est liée au coût du logement. Selon le récent rapport de l’observatoire des loyers, les loyers ont encore augmenté à Bruxelles en 2018. On est 20% au dessus du coût de la vie depuis 2004 ! En moyenne, chaque famille bruxelloise paie en un an 1400 euros de trop pour son loyer!
Et après on s’étonne que la pauvreté des enfants est si grande? Non. C’est une évidence. Par contre ce qui est étonnant, ce qui est incompréhensible, c’est qu’il y a des mesures qui peuvent être prises pour y remédier dans l’immédiat sans le moindre coût, et que vous ne prenez pas ces mesures.
Un encadrement contraignant des loyers, tel que proposé par le PTB et soutenu par la société civile, ne vous coûterait rien, pourra faire baisser les loyers. Mais vous refusez de l’introduire. Une étude juridique toute récente de juin 2019 montre que le système de commissions paritaires avec pouvoir décisionnel peut parfaitement être introduit à Bruxelles et qu’en plus, ce système peut même encourager les propriétaires à améliorer la qualité de leurs biens.
Un encadrement contraignant des loyers, tel que proposé par le PTB et soutenu par la société civile, ne vous coûterait rien, pourra faire baisser les loyers.
Ces systèmes existent, fonctionnent bien dans d’autres pays, et ne sont pas coûteux. Ils ont permis que les loyers ne flambent pas comme chez nous. Mais vous ne les appliquez pas. Vous avez les solutions dans les mains, mais vous refusez de les appliquer.
Le constat est donc très amer : vos politiques ne résoudront pas la crise du logement. Au contraire, vous déployez le tapis rouge aux gros promoteurs et spéculateurs. Ainsi vous voulez densifier Bruxelles avec des tours. À la Porte de Ninove, des accords existent entre la Région et le maxi-promoteur Besix de construire trois tours de 90 étages avec des logements trop chers. Si vous comptez poursuivre ce type de projets, on peut craindre le pire pour notre ville.
Au séminaire de Hemptine où vous étiez présents avec un parterre de promoteurs, le promoteur immobilier et patron d’Atenor, Stephan Sonneville semblait visiblement satisfait des politiques prévues à son égard par l’accord du gouvernement, c’est tout dire…
Parce que de l’autre côté je peux vous dire que ni les locataires des logements sociaux ni les locataires sur le marché privé ne sont eux contents! Et certainement pas les femmes des familles monoparentales qui galèrent pour trouver un logement. Ca Monsieur le Ministre Président c’est lutter concrètement pour le droit des femmes!
En juillet je vous parlais de Younes qui paie 1000 euros de loyers pour un logement où il doit vivre serré avec ses enfants aura toujours autant de mal à finir son mois! Sans budget, les familles comme Younes continuent à payer, et les promoteurs continuent à empocher …
Deuxième PLOUF : la mobilité
L’article dans Le Soir de la semaine passée confirme ici aussi nos craintes déjà exprimées en juillet : on y lit “qu’il n’y a pas d’argent pour financer la gratuité de la STIB promise aux moins de 25 ans et plus de 65 ans.” On parle ici d’un coût de 20 millions d’euros pour la gratuité partielle de la STIB. Si même cet investissement modeste - Vervoort parlait de cacahuètes - n’est pas repris dans le budget, comment allez-vous payer vos autres promesses ? P. ex. le Plan directeur Tram visant la réalisation de nouvelles lignes de tram ou des pistes cyclables. Qui va payer alors?
Comptez-vous augmenter le prix du ticket, comme l’envisage Brieuc de Meeûs, CEO de la STIB. Augmenter les tarifs des parkings ? Espérez-vous une augmentation des amendes ? Ou est-ce les travailleurs de la STIB qui vont payer par une diminution de la dotation de fonctionnement ? Dans chacun de ces cas là ce sont les gens qui paient, comme travailleur, comme usager ou comme contribuable.
Ce qui est claire, c’est que tout le monde va payer plus via la taxe kilométrique. Madame Van den Brandt dit que les usagers ne paieront pas plus cher. C’est faux. Grégory habite à Schaerbeek et travaille à Ikea Zaventem. Il a fait un rapide calcul : il parcourt chaque jour 14 km aller-retour sur le territoire de la Région bruxelloise. Il travaille en horaire décalé, aussi le samedi, souvent jusqu’à 21 h. Trop compliqué donc pour lui de se rendre à son travail en transports en commun. Il payera environ 750 euros par an, au lieu des 250 de sa taxe de circulation.
Si vous voulez vraiment diminuer le nombre de voitures, rendez les transports en commun gratuits et performants. Sans alternative crédible, les gens vont continuer à prendre leur voiture. En juillet, vous parliez de la gratuité pour les moins de 25 et les plus de 65 ans. Vous n’en avez même pas reparlé ce matin. PAS UN MOT!
Le coût de la gratuité totale est 208 millions par an. Les exemples à l’étranger nous montrent que c’est payable. Faisons contribuer comme eux, les entreprises par un versement forfaitaire domicile-travail.
Le coût de la gratuité totale est 208 millions par an. Les exemples à l’étranger nous montrent que c’est payable
Aujourd’hui, une bonne partie des entrées est déjà payée par les abonnements remboursés par les employeurs. Généralisons cette prise en charge. Ca, ce serait une politique écologique et sociale. Mais vous n'en voulez pas.
Rendons accessible le TEC, De Lijn et les trains à tous les abonnées, comme le demande le PTB, et pas seulement pendant les pics de pollution. Nous avions déposé une résolution dans ce sens pour diminuer de 5% le trafic automobile et vous l’avez tous refusé!
Et PLOUF! A l’eau aussi la promesse d’une meilleure mobilité et d’un air plus respirable à Bruxelles.
Par contre vous parlez avec enthousiasme de centraliser les offres de transports publics avec celle des opérateurs privés comme Uber ou BMW. C’est une offre de mobilité bien trop chère pour beaucoup d’usagers et un pas de plus vers la privatisation de l'espace public et de la mobilité.
En parlant d’Uber, cela fait 4 ans que les taximans respectent les règles de la région. Mais par contre la multinationale Uber elle détricote les emplois et ça vous n’en parlez pas non plus, pas une ligne! Vous vous dites juste que c’est la faute des flamands et des wallons! Alors que c’est de votre responsabilité de lutter contre cette multinationale, vous devez lui fermer les portes !
Troisième PLOUF : l’environnement
Le défi climatique est l’enjeu majeur de votre majorité ici. Ici encore, vous aviez l’occasion d’opter pour une politique ambitieuse, qui soit à la fois écologique et sociale. C’est d’ailleurs ce que vous aviez promis pendant la campagne. Et ici encore, c’est une promesse qui tombe à l’eau.
En Région de Bruxelles-Capitale, le chauffage des bâtiments génère entre 60 % à 70 % des émissions de CO2. Jusqu'ici, la solution proposée était le recours à une prime à l’isolation. Et, alors même que ces primes ont prouvé leur inefficacité (les montants alloués ne sont pas entièrement dépensés, faute de demandes), vous prolongez et consolidez ce système au lieu de le remettre en cause.
En Région de Bruxelles-Capitale, le chauffage des bâtiments génère entre 60 % à 70 % des émissions de CO2
C'est une évidence : le système des primes énergie ne permet pas de toucher les propriétaires à faible revenu, ceux qui ont justement des difficultés à payer leur facture d'énergie, mais aussi à avancer les coûts d’investissement trop élevés pour eux.
Le défi climatique nous oblige à isoler à une échelle jamais atteinte. La question est: où allez-vous chercher les financements? La réponse semble assez claire : dans la poche des citoyens qui seront soumis à des normes strictes et à des sanctions. Il est temps que la Région change son fusil d'épaule. Il faut un plan global d’isolation quartier par quartier, réalisé par une régie publique.
Parce que la réponse au défi climatique doit être sociale. Le PTB défend une autre solution: la création d’une banque publique d’investissement, comme la banque allemande KfW. Avec un capital de près de 4 milliards d’euros, ces prêts ont permis d’isoler deux millions de maisons, depuis 2001, créant 200 000 emplois.
La Libre Belgique ne s’y trompait pas hier : les Bruxellois vont devoir mettre la main au portefeuille pour relever le défi climatique. Mais pas les promoteurs bruxellois. Juste les citoyens, encore une fois.
Vous avez parlé de développement spatial dans le volet Climat, mais qu’est-ce qu’on voit c’est un projet Néo avec un grand centre commercial et certainement des voitures en plus! Ce n’est pas cohérent.
Quatrième PLOUF : l'eau
A Bruxelles, il y a actuellement 27 000 ménages endettés à cause des factures d’eau, le nombre de coupures d’eau a doublé entre 2012 et 2017. 1 ménage sur 5 est en précarité hydrique, c’est-à-dire qu’il n’a pas accès à l’eau pour répondre à ses besoins de base!
A Bruxelles, il y a actuellement 27 000 ménages endettés à cause des factures d’eau
Derrière les statistiques, il y a des réalités concrètes. Voici le témoignage d’un éducateur spécialisé. Son équipe pédagogique était confrontée à un problème d’un enfant de 7 ans qu’on appellera Basile. A l’école, Basile faisait ses besoins par terre. L’équipe pédagogique a découvert pourquoi : l’eau est coupée depuis plusieurs années au domicile de Basile, et chez lui, tout le monde fait ses besoins par terre, sur du papier journal… Voici ce qui ce cache derrière la “précarité hydrique”.
Monsieur le Ministre Président, en rejoignant la « Blue Community », vous réaffirmez que l’eau comme droit fondamental doit rester un service public. Vous disiez vouloir renforcer la protection du consommateur, en empêchant les augmentations de tarif.
Mais vous faites le contraire! Il faut 1,5 milliards sur 20 ans pour la rénovation des égouts. Vous avez déjà annoncé ne pas accorder les 34 millions que Vivaqua réclamait cette année pour ces rénovations. La conséquence sera que Vivaqua va demander, et Brugel va approuver une hausse du prix de l’eau.
Et plouf dans l’eau.
Cinquième PLOUF : l'emploi
Maintenant les masques tombent : pour de l'emploi de qualité, il n’y a ni argent, ni plan pour créer des emplois. Vous allez continuer les mêmes recettes et la précarité des travailleurs va continuer d’augmenter.
Premièrement: le pouvoir d’achat des ALR, les travailleurs des administrations locales et régionales. Ils ont entamé une lutte impressionnante depuis plusieurs mois. Aujourd’hui encore ils étaient là pour rappeler que “les bas salaires nuisent gravement à la santé des travailleurs”. Et pour une fois, vous en avez parlé !
Je vais commencer par vous lire la lettre que Carine, une travailleuse ALR, m’a demandé de vous adresser :
- Vervoort,
Je suis une de ces travailleuses de vos administrations locales. Et comme pour bien d’autres, le mois se termine le 15 plutôt que le 31, et pour certains c’est pire encore.
Comme vous tous Messieurs Dames, j’aimerais mettre mes enfants dans de belles activités parascolaires bien coûteuses, j’aimerais habiter les beaux quartiers, avoir un jardin, pouvoir manger BIO plutôt que LIDL, partir (comment dit-on déjà?) en city trip ou tout simplement en vacances (même à la côte Belge)…. Mais non ! tout cela n’est pas pour moi. Et vous savez pourquoi Monsieur Vervoort ? Et bien tout simplement parce que mon salaire est trop bas, et maintenant j’en ai la confirmation. 14 € de l’heure, moi j’en rêve ! C’est chouette d’avoir des rêves mais c’est encore mieux quand ils se concrétisent.
Si on doit augmenter les travailleurs des pouvoirs locaux, c’est parce que le coût de la vie a augmenté. Et oui cela parait tellement logique. Il ne faut pas être ministre président pour le comprendre je crois.
Mais alors que s’est-il passé pour nous ? Pourquoi nous avez-vous oubliés depuis toutes ces années? Parce que cette différence de salaire avec les autres régions (de 10 à 67%), ce n’est pas la conséquence d’une législature, c’est évidemment la conséquence d’un SOUS-financement des pouvoirs locaux depuis de très longues années. Vous dites sans cesse que vous avez donnés X millions pour ceci X millions pour cela et bien vos X millions ils ne suffisent pas…
Les travailleurs de la fonction publique locale sont les grands oubliés de votre politique régionale. Mais sachez qu’avec mes collègues on a compris votre manège, et qu’on est bien décidés à ne plus jamais nous laisser faire. Vous nous trouverez partout sur votre chemin, fini de vous laisser continuer de nous maltraiter comme vous le faite depuis tant d’années en nous considérant comme des sous-travailleurs de la fonction publique. Carine
- Clerfayt, depuis le début vous jouez au ping-pong en renvoyant la balle aux communes.
Pourtant, c’est la Région qui depuis 1994 fixe le cadre minimal pour des statuts et barèmes à travers la “charte sociale”. C’est le gouvernement régional qui a promulgué en mai 2017 pas moins de 5 arrêtés concernant les statuts, les échelles de traitement, etc.
Aujourd’hui, les mobilisations ont fait bouger les lignes. Vous parlez d’une “harmonisation régionale des statuts”, mais en même temps vous parlez de “solutions réalistes”. L’augmentation salariale de 10% demandée par les ALR, cela coûterait environ 130 millions. Où irez-vous les chercher ? Encore une fois, aucun engagement concret.
Parlons des titres-services. 20 000 personnes travaillent dans ce secteur, principalement des femmes en situation précaire. Il manque 30 millions ! Est-ce qu’on va aller chercher l’argent chez les travailleuses, et les ménages, ou dans les marges des sociétés? Ces travailleuses gagnent environ 11€ brut de l’heure ! C’est en améliorant les salaires et les conditions de travail de toutes ces femmes qu’on va gagner concrètement plus de droits et d’égalité !
Parlons de la hausse des temps partiel, des contrats à durée limitée, pour le travail indépendant et intérimaire, etc… Selon ce baromètre FGTB, 56,5% des jeunes travailleurs ont un emploi précaire.
Selon ce baromètre FGTB, 56,5% des jeunes travailleurs ont un emploi précaire.
Cette situation de précarité des jeunes m’amène au troisième point, celui de votre projet-phare : le système de “garantie jeunes” que vous voulez maintenant étendre à tous les chômeurs ! Ce système de “stages” ou “emplois” grassement subventionnés dont profitent des entreprises comme Blokker et Euroclean. Les jeunes se relaient les uns les autres tel un grand carrousel, en prenant de vrais emplois, mais sans perspective de pouvoir être vraiment embauchés !
Vous annoncez fièrement que le chômage diminue. Mais la réalité qui se cache derrière ces statistiques, c’est celle de la précarité, ce n’est pas celle de la création d’emplois de qualité. Les chiffres scandaleux de la pauvreté bruxelloise nous le prouvent.
Car, M. Vervoort, contrairement à ce que vous disiez encore aujourd’hui, il y a bel et bien un problème d’emploi à Bruxelles, et ce problème c’est bel et bien le manque d’emploi. Et non, ce n’est pas la faute des navetteurs wallons ou flamands. Ces navetteurs sont d’ailleurs souvent des Bruxellois qui ont dû fuir des loyers impayables.
Alors, à la place de mettre encore plus en concurrence les travailleurs les uns avec les autres et plutôt que d’attiser le régionalisme, allez-vous changer de paradigme? Car on a beau “activer” les chômeurs, les former et créer des incitants pour les entreprises, il n’y a chez Actiris qu’1 seule offre d’emploi pour plus de 10 demandeurs. Le problème c’est bien qu’il faut créer de l’emploi et de l’emploi de qualité.
Sixième PLOUF : la lutte contre les discriminations
Vous rendez vous compte de l'urgence de la situation, en particulier sur l'emploi, où on est en toute queue de peloton européen ? L'étude d'Actiris, View.brussels, de juin est pourtant claire : « les inégalités à l'emploi sur base de l’origine, même avec qualification, présentent une dimension massive et structurelle ».
Des testings à dose homéopathiques ne suffiront pas. A peine 6 tests réalisés selon Le Soir. Doit-on rire ou pleurer ? Est-ce que le gouvernement va oui ou non, rendre le testing systématique et proactif? Pour le PTB il faut créer une Inspection régionale de l’égalité, spécialement dédiée au contrôle, pour garantir dans les faits un traitement égal : sur le marché d’emploi, sur le marché locatif, mais aussi dans les services, etc. Avec le système actuel, c’est comme si l’AFSCA ne contrôlait que les restaurants dont on sait déjà qu’ils posent problème. Même l'étude d'Actiris le dit : il faut « renforcer le dispositif de contrôle en permettant de réaliser des testings de manière plus proactive ». La confiance en l'autorégulation des employeurs et des propriétaires ne fonctionne pas. Il faut changer de cap ! Vous engagez-vous oui ou non à aller dans cette direction?
Aucune rupture avec le cadre austéritaire européen
Mais le fond du problème, c’est qu’à cause des politiques libérales et d’austérité, l'accès à l’emploi et au logement est limité par la pénurie. Ce sont des marchés concurrentiels pour les gens qui doivent toujours plus “montrer patte blanche” pour avoir une chance d’être sélectionnés. Tant que vous nous enfoncez dans l’austérité budgétaire, toutes les intentions, les déclarations et les lois théoriques ne pourront pas changer radicalement les injustices que vivent les gens.
Comme déjà dit dans mon introduction, sans couper avec l’austérité européenne, vous allez reporter, abandonner, faire des coupes et surtout faire payer les gens. Ce sera ça vos politiques que vous essayer de masquer maintenant en ne donnant aucun chiffre et budget sérieux.