Les partis au gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-Vooruit-Groen-OpenVld) avancent dans leur projet de PAD (Plan d’Aménagement Directeur) autour de la gare du Midi. Le but est de permettre de nouveaux projets immobiliers sur un territoire de 45 hectares entre Saint-Gilles et Anderlecht. Les autorités appellent ce PAD « Gare habitante ». Il est tout à fait vrai que le quartier a besoin de nouveaux projets pour répondre aux besoins des habitants et pour rendre certains espaces plus vivants et agréables… Mais derrière cette appellation attirante, le PAD Midi ne contient rien de bon. Le PTB montre qu’un autre plan est possible et permet de répondre aux vrais besoins sociaux et écologiques.
Tout d’abord, ce plan ne prévoit aucune obligation de créer du logement social. Il n’y a même pas de garantie sur la construction de logements publics abordables. Pourtant cette zone est parmi celles ayant le plus faible taux de logements sociaux à Bruxelles (environ 4% seulement à Saint-Gilles par exemple). Les loyers privés deviennent toujours plus impayables et 50 000 familles se trouvent déjà sur la liste d’attente pour obtenir un logement social à Bruxelles. Bref, alors que le premier besoin des familles est le logement accessible et de qualité, nos dirigeants n’en tiennent pas du tout compte.
Au lieu de cela, le PAD donne carte blanche aux barons du béton, qui pourront construire et tirer profit de bureaux neufs, de logements privés ou d’hôtels. En tout, le PAD permet la construction de 400.000 m² de bâtiments, dont 200.000 m² de bureaux soit l’équivalent de trois fois la tour du midi ! La raison? La SNCB et Infrabel ont un accord avec trois grands promoteurs privés, Immobel, BPI et Besix, pour faire construire leur nouveau siège central en échange de la cession gratuite de leurs terrains publics autour de la gare, où ces immobiliers veulent pouvoir faire un maximum de profits. Un quatrième promoteur, Atenor, propriétaire du terrain vague à côté de la tour du Midi, prévoit d’y construire plusieurs tours.
Le PAD est écrit pour laisser la place à ces projets spéculatifs, en augmentant les tailles et les hauteurs autorisées pour les nouveaux bâtiments et en permettant une multiplication de tours allant jusqu’à 150 mètres (soit l’équivalent de la tour du Midi !). Il est aussi question de raser des bâtiments de bureaux qui ont moins de vingt ans... pour en reconstruire d’autres à la place : un non-sens écologique, tout cela pour des bureaux qui resteront quand même en partie vides… Rappelons que le quartier de la gare du Midi et ses habitants ont déjà subi plusieurs décennies de politiques catastrophiques de la part des autorités communales et régionales : travaux interminables, expropriations scandaleuses et destruction de centaines de logements et de commerces populaires pour faire place à 300 000 m² de bureaux.
Nous refusons cette politique publique au service des gros promoteurs privés. Ce PAD doit être l’occasion de développer une autre vision : reconstituer un espace public agréable ; construire des logements publics et sociaux de taille humaine, notamment sur les terrains publics libérés par la SNCB ; utiliser les bureaux vides pour y faire des équipements d’intérêt collectif (écoles, crèches, sport, services sociaux, etc.) ; créer des espaces verts, etc.
Îlots concernés par le PAD midi
Projection des constructions envisagées par le PAD midi du gouvernement bruxellois
Derrière son nom trompeur, le PAD “gare habitante” du gouvernement prévoit en réalité de construire près de 200 000 m² de bureaux neufs ! Notre plan élimine la création de nouvelles surfaces de bureau. Car nous n’en avons pas besoin : des centaines de milliers de mètres carrés restent vides actuellement à Bruxelles et le développement du télétravail va déjà aggraver la situation. A la place, il faut répondre aux besoins des bruxellois : du logement abordable et de qualité, et des équipements collectifs. La réorganisation des sièges de la SNCB et d’Infrabel se base donc uniquement sur la réutilisation des bâtiments existants et la rénovation du tri postal, sans changement de gabarit (voir description îlot par îlot ci-dessous). La tour de bureaux “Victor”, proposée par Atenor sur l’ilot “Victor/Tintin”, d’une hauteur comparable à la tour du Midi et que le PAD du gouvernement autorise bel et bien, disparaît donc au profit d’un parc.
Notre plan élimine la création de toute nouvelle tour et limite la taille des immeubles à 10 étages (voire moins si les constructions avoisinantes sont plus basses). Le quartier Midi est déjà densément bâti. Les tours ont un impact négatif sur le voisinage et la convivialité de l’espace public (vent et ombre).
Finalement, nous interdisons la démolition des bâtiments de bureaux récents. C’est un non sens écologique. Ils sont donc rénovés ou adaptés à de nouveaux occupants.
Bilan de notre plan : 74 000 m² de bureau en moins pour le quartier qu’avec le plan du gouvernement. La part du bureau par rapport à l’ensemble des surfaces d’immeubles du quartier passe de 51% à 47% (contre 90% dans la situation existante).
Le PAD du gouvernement permet de construire 2000 logements, mais ne prévoit aucun logement social et reste flou sur le logement public. Nous prévoyons une norme obligatoire minimale de 50% de logements publics avec 33% de logements sociaux. Parmi les 1500 logements neufs que notre plan permet de construire, nous garantissons ainsi une offre de logements publics de +750 unités, dont 500 logements sociaux. Pour rappel, 4 îlots à réaffecter sont en fait des terrains publics (SNCB) et appartiennent donc à la collectivité. Nous en profitons pour créer un nouveau quartier intégré, comprenant des logements, des espaces verts et des équipements publics entre les rues de France et Bara. Nous dotons les nouveaux bâtiments de logements d’espaces commerciaux ou d’équipements collectifs en rez-de-chaussée.
Cela veut dire que nous voulons un PAD qui fixe à l’avance une répartition par type de logement, contrairement à ce que prévoit le gouvernement qui laisse le choix aux promoteurs. C’est une question de transparence, de régulation et de planification. Mais c’est aussi une nécessité pour éviter qu’au final le promoteurs ne construisent du logement de standing ou que les seuls logements publics construits (via le promoteur public CityDev par exemple) ne soient ensuite vendus ou loués à des prix proches du marché. A noter que le Rapport d’Incidence Environnementale du PAD Midi recommande lui-même de fixer un seuil obligatoire de logements sociaux dans les nouveaux projets. Un autre PAD, celui du quartier Heyvaert à Anderlecht, prévoit lui aussi des seuils minimaux de logements sociaux dans les nouveaux projets, y compris sur des terrains privés.
Bilan : La part du logement par rapport à l’ensemble des surfaces d’immeubles du quartier passe de 33% à 36% (contre 2% dans la situation existante).
La circulation, le stationnement et le partage de l’espace public sont problématiques dans le quartier Midi. Comme le recommande le rapport d’incidence du PAD, une solution est de mutualiser les parkings privés sous-utilisés du quartier pour y donner accès aux habitants. 3000 places de parking peuvent être mutualisées : 2000 côté rue de France (parkings QPark et de la tour du Midi), 1000 places sous les bureaux de la rue Fonsny. C’est largement suffisant pour mettre fin à la guerre des places, tout en dégageant de l’espace public en voirie pour d’autres activités.
Grâce à l’espace dégagé, nous créons notamment une nouvelle ligne de tram en site propre, reliant Biestebroeck, où sont aussi construits de nombreux logements, à la gare midi, en passant par la Rue Bara.
Plutôt que des tours de bureaux inutiles, nous aménageons un grand parc à côté de la Place Bara. Un second parc est créé le long de la Senne, au niveau de l’îlot des Deux Gares. Rue de France, nous créons un centre sportif et culturel, doté d’une piscine. Nous ouvrons aussi des nouvelles places de crèches publiques et des écoles. Dans les îlots réaménagés, nous créons des espaces verts accessibles au public et aux habitants des nouveaux logements. Nous réaménageons l’espace public existant pour en améliorer la qualité (verdurisation, espaces de collecte des déchets et encombrants toilettes publiques), tout en garantissant le maintien du marché du midi (le projet actuel du gouvernement n’est pas clair sur ce point). Nous avons aussi besoin de maisons médicales qui puissent s’ancrer dans le quartier et assurer la première ligne de la santé préventive.
Ici aussi, cela veut dire que nous voulons un PAD qui fixe à l’avance les types d’équipements collectifs, contrairement à ce que prévoit le gouvernement. Il faut éviter que ces équipements restent vides ou soient déterminés par le libre marché.
Nous limitons aussi les surfaces supplémentaires de commerces au profit des équipements. Car l’offre est déjà trop abondante et les magasins vides nombreux (comme le signale le Rapport d’Incidence Environnemental lui-même.). Ces nouvelles surfaces visent à servir les nouveaux habitants du quartier et sont concentrées au rez-de-chaussée des nouvelles constructions, pour animer ces espaces.
Bilan : La part des équipements collectifs par rapport à l’ensemble des surfaces d’immeubles du quartier passe de 8% à 11% (contre 0% dans la situation existante), tandis que celle du commerce passe de 9% à 6% (contre 5% actuellement).
Ce quartier est composé de deux îlots: