Seulement 318 logements sociaux en 2019 : le gouvernement oublie les 47 000 ménages en attente

Seulement 318 logements sociaux en 2019 : le gouvernement oublie les 47 000 ménages en attente

20 juillet 2020

Le gouvernement “se réjouit” d’avoir réceptionné 1361 logements commandés pour l’année 2019 et parle d’année record. En regardant les chiffres de plus près, il n’y a pas de quoi fanfaronner : seuls 318 logements sont sociaux, alors 47 000 familles sont sur liste d’attente. A ce rythme il faudra plus de 100 ans pour résorber la file d’attente. En plus de semer le doute sur les vrais chiffres, le gouvernement manque d’ambition politique pour résoudre la crise du logement abordable à Bruxelles.

(c) bernard_tubiermont / Flickr

Dans le bilan du quatrième numéro du monitoring des projets de logements publics qui a été annoncé lors de la commission logement du 9 juillet, la Secrétaire d’État chargée du Logement, Nawal Ben Hamou, mentionne la réception de 1361 logements pour l’année 2019 et parle d’année record. Selon Nawal Ben Hamou, « Ces chiffres sont réjouissants, car ce sont autant de solutions concrètes pour répondre à la crise du logement. »

Le constat des données est interpellant. Tout d’abord il s’agit de « réceptions provisoires » au cours de l’année 2019. Cela ne signifie même pas que ces logements « existent », ni que des personnes occupent pour ainsi dire ces logements.

Ensuite, la répartition de ces logements est omise lors du débat en commission. Mais alors concrètement de quels logements s’agit-il ? A y regarder de plus près, les chiffres du monitoring sont plus que déroutants (voir le tableau ci-dessous réalisé par le Référent bruxellois du Logement, accessible sur le site web de perspective.brussels). D’une part, il est question de 672 logements acquisitifs alors que Bruxelles compte plus de 60 % de locataires. D’autre part, sur les 689 logements locatifs, seuls 318 sont des logements sociaux (SLRB et SFAR). Autre élément important : 1004 logements sont répartis dans les catégories des logements moyens et modérés. A relever que dans le tableau ci-dessous, les CLTB ne sont pas dans la catégorie des logements sociaux mais bien des logements acquisitifs.

Pour le PTB, on ne peut pas parler d’une année record en mentionnant la réception provisoire de « 1361 logements » mais d’une duperie vu le manque de précision sur les données et sur la réelle répartition de ces logements.


De plus, un autre élément préoccupant est le fait que le gouvernement bruxellois mentionne qu’à terme, il conviendra de disposer de 15% de logements “à finalité sociale” sur l’ensemble du territoire bruxellois. Il est d’autant plus important de cerner le vocable « à finalité sociale » afin de ne pas être une nouvelle fois leurré. En réalité, ces logements relèvent plutôt d’une classification un peu fourre-tout n’englobant pas uniquement le logement social. En effet, il est également question ici, de logements gérés par des Agences Immobilières Sociales (AIS), des logements gérés par les communes, ou par le Fonds du logement. Par conséquent, il ne s'agit donc pas nécessairement de logements publics qui seront accessibles à tous les ménages bruxellois.


En outre, les logements moyens et modérés sont aussi repris dans la catégorie des logements «à finalité sociale ». Or, leur loyer peut être relativement élevé et empêche de nombreuses familles d'y avoir accès. Ce qui implique donc qu’il y a peu de personnes qui en deviennent bénéficiaires et ces logements se retrouvent alors inoccupés. Et ce malgré, que la liste d’attente pour un logement social ne cesse de s’allonger, plus de 47.000 ménages y sont inscrits. Cela démontre encore la nécessité d’avoir beaucoup plus de logements sociaux. D’autres villes comme Vienne ou Amsterdam ont su relever le défi des logement sociaux de qualité.


Pour le PTB, on est donc bien loin d’une solution durable permettant de résoudre la crise des logements abordables, pourtant un sujet mentionné comme prioritaire par la majorité PS-ECOLO-Défi-Groen-SPa-OpenVld. On peut sérieusement douter que la majorité bruxelloise arrive à atteindre l’objectif de sa Déclaration de Politique Régionale, à savoir la construction de 6400 logements publics prévus par le Plan régional du Logement et l’Alliance Habitat. Pour atteindre les 6400 logements en 5 ans, il faudrait en faire sortir de terre 1280 par an. Or le chiffre de 275 est avancé au niveau du plan Alliance Habitat entre 2019 et 2020. En matière de logement, le gouvernement bruxellois ne se donne donc pas les moyens suffisants pour résorber la crise du logement. Sans un changement de cap, c'est donc une crise encore plus aiguë qui attend les Bruxellois-es.


Et en plus, la crise sanitaire actuelle que nous traversons aggrave la crise du logement et accentue la hausse de la précarité. Il est par conséquent plus que temps d’avoir un plan d’urgence à la hauteur des besoins de la population. Il est indispensable de créer de vrais logements sociaux de qualité et non pas des logements “à finalité sociale” qui ne sont pas accessibles à tous.