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Friche Josaphat : construire du logement public est une nécessité pour répondre à la crise

Friche Josaphat : construire du logement public est une nécessité pour répondre à la crise

Le projet de construction d’un nouveau quartier sur une partie du terrain de la friche Josaphat à Schaerbeek divise le gouvernement bruxellois. D’un côté, le PS veut laisser l’un des derniers terrains publics de la Région bruxelloise tomber en partie dans les mains des promoteurs immobiliers, de l’autre Ecolo refuse qu’on touche au terrain pour y bâtir du logement, au motif d’en préserver la biodiversité. Pour le PTB, il est pourtant possible de répondre tant à la crise du logement qu’aux préoccupations environnementales, pour offrir un cadre de vie de qualité à la population bruxelloise. Cela n’est possible que si le terrain reste public. Le projet que le PTB défend est la construction de 1200 logements publics, dont une moitié de logements sociaux, la création d’un espace vert accessible au public et le maintien d'une partie de la friche intacte.

De quoi parle-t-on ?

La “friche Josaphat”, c’est un ancien terrain industriel (gare SNCB) qui se trouve à cheval sur les communes d’Evere et de Schaerbeek, à deux pas du Parc Josaphat. Depuis l’arrêt de son exploitation en 1994, le terrain a d’abord dû être dépollué, avant d’être laissé plus ou moins à l’abandon. Il est actuellement la propriété de la Région bruxelloise et reste fermé au public. Depuis plusieurs années, le gouvernement régional travaille à un plan d’aménagement pour le site, qui comprendrait à la fois du logement et des infrastructures collectives.

Aujourd'hui, le projet prévoit 1.200 logements, une école, une crèche et une maison médicale, ainsi qu’une zone naturelle protégée. Gros bémol : dans cette version du projet telle que soutenue par le PS au sein du gouvernement bruxellois, la moitié des logements prévus seraient vendus aux promoteurs privés. Et dans la partie qui resterait publique, seuls une poignée de logements seraient sociaux. Tandis que Ecolo ne veut tout simplement pas construire de logement et souhaite que la friche reste intacte.

Pour le PTB, il est indispensable que le terrain de la friche Josaphat et le projet qui y sera développé restent à 100% dans les mains des pouvoirs publics. En effet, c’est le seul moyen de garantir une ville accessible financièrement à ses habitants, tout en disposant de suffisamment d’espaces verts pour toutes et tous. Quand le secteur privé s’en mêle, on n’a plus de garantie ni de contrôle sur la manière dont ces terrains sont transformés, puisque c’est la perspective du profit qui guide les projets proposés et non pas le bien-être de la collectivité et de la planète. Le PTB demande donc que les 1200 logements construits soient à 100% publics, avec la moitié de logement social. Ces logements doivent être construits au sein d’un espace vert accessible pour les habitants. Le PTB va d’ailleurs introduire une résolution en ce sens au Parlement bruxellois pour garantir que tous les logements construits soient publics.

La crise du logement, grande oubliée du gouvernement bruxellois

Difficile d’ignorer que depuis plusieurs années la situation du logement dans la Région de Bruxelles-Capitale connaît une aggravation sans précédent. Alors qu’il n’y a que 7% de logements sociaux dans la Région, on compte 52.000 ménages sur la liste d'attente pour obtenir un logement social et ce chiffre ne fait qu’augmenter chaque année. Aujourd’hui à Bruxelles, des enfants tombent malades parce qu’ils sont forcés de vivre dans des logements insalubres. Pour le PTB, il n’y a pas 1.000 options pour répondre à cette crise : il faut construire de façon beaucoup plus ambitieuse des logements publics. Cette crise ne nous laisse pas le choix, nous devons construire sur des terrains comme la friche Josaphat : un terrain constructible qui est l'heure actuelle encore 100% public.

S’attaquer aux logements et bureaux vides n’est pas suffisant pour répondre à la crise du logement

En plus de la construction de nouveaux logements publics, d’autres solutions doivent être mobilisées. Il existe ainsi un très grand nombre de logements et de bureaux vides à Bruxelles : ils doivent rapidement être récupérés par la Région pour en faire du logement abordable. Il est cependant faux de dire, comme le prétend Ecolo, que ces lieux inutilisés ou à l’abandon suffiront à eux seuls à régler la crise actuelle. La procédure de reconversion peut être très longue et coûteuse. Par ailleurs, même si cela pouvait se faire en un claquement de doigts et à moindre coût, cela ne compenserait pas en nombre les besoins auxquels la ville est confrontée.

Ecolo aime rappeler que des logements sont vides pour ne pas construire sur la friche, mais le bilan d’Ecolo en la matière est désastreux. A Forest par exemple, où Ecolo est en majorité depuis 2006s, 200 logements sociaux sont vides depuis 15 ans sur le site du Bempt. Pire, Schaerbeek, où se situe la friche Josaphat et où Ecolo est au pouvoir depuis 20 ans, est la commune de la Région bruxelloise qui compte le plus faible pourcentage de logement social. En d’autres termes, la vérité est qu'Ecolo ne souhaite pas construire de logement social.

Une ville verte pour toutes et tous

Mais alors doit-on bétonner toute la Région bruxelloise et raser tous les espaces naturels de la Région ? Pour le PTB, la nécessité de prévoir des espaces verts communs et de qualité pour les familles est essentielle, partout dans la ville. Bruxelles est connue pour être une ville particulièrement verte, mais la réalité n’est pas aussi évidente : les communes centrales (Bruxelles-Ville, Molenbeek, Saint-Josse, Schaerbeek…) sont non seulement les plus densément peuplées, mais aussi celles dont la population à le moins accès à des espaces verts.

Il est essentiel de développer dans ces quartiers des projets de réaménagement qui permettent à toutes et tous un accès à une ville moins bétonnée. Dans le cadre de la montée de la crise climatique, l’absence d’arbres dans les rues et les places est notamment responsable de la création d'îlots de chaleur nocifs pour la santé des riverain·es. Le projet actuellement sur la table à Josaphat répond en partie à ces besoins, puisqu’on envisage un parc de 7 hectares accessibles au public, en plus de la réserve naturelle protégée de 6 hectares qui serait fermée. En l'état actuel, le terrain ne compte d'ailleurs aucun arbre et l’absence d’ombre le rend suffocant en été. Mais il faudra aussi que ces espaces soient aménagés intelligemment de façon à ce que les ménages qui ne disposent pas d'espace extérieur puissent en profiter pleinement.

La lutte pour un accès à davantage d’espaces de verdure et de fraîcheur, le PTB la soutient par ailleurs dans d’autres zones de la ville. A ce titre, au niveau régional, nous nous sommes par exemple opposés à la construction de bureaux sur le site naturel très riche du Meylenmeersch à Anderlecht. Dans le quartier du Midi, dont la densité est très importante et les espaces verts inexistants, nous défendons la construction de tels espaces pour faire respirer le quartier et offrir aux familles des espaces de détente. A l'inverse, le gouvernement PS-Ecolo prévoit d’y détruire des bureaux qui ont moins de 30 ans pour construire… d’autres bureaux.

Pour le PTB, la lutte contre la précarité grandissante et contre le dérèglement climatique doit impérativement passer par un retour du foncier dans les mains des pouvoirs publics. Ce n’est un secret pour personne, les promoteurs privés se fichent bien de l’état de la planète ou de la possibilité des familles d'accéder à un logement abordable. Leurs intérêts sont uniquement financiers. Or des logements de qualité, abordables et pensés dans un cadre extérieur agréable et sain pour la ville et ses habitants permet de résoudre bien des inégalités. Une vision d’ensemble à l’échelle de toute la ville est nécessaire pour atteindre un équilibre entre logements dignes et accessibles, et des zones vertes qui offrent de l’air, de l’espace et des équipements de qualité aux habitant·es.