Fin de semaine dernière, la note de politique du ministre-président et ministre de la Culture Jan Jambon a fait l’effet d’une bombe. Outre la fin de l’indexation et une économie générale de 6 % sur les subventions de fonctionnement, cette note prévoit une réduction de plus de 60 % des subventions de projets. Un coup dur pour une ville comme Bruxelles. Le PTB demande une réunion d’urgence de la Commission de coopération, entre le Parlement flamand et la Commission de la Communauté flamande (VGC), ainsi qu’une audition au conseil de la VGC : « Nous avons au contraire besoin de davantage d’investissements dans la culture. C’est pourquoi nous voulons entendre les acteurs du secteur, mais aussi mettre sur le gril le ministre Benjamin Dalle. Nous ne comprenons pas que le CD&V et l’OpenVLD suivent la N-VA sur cette voie ».
L’inquiétude règne dans le monde culturel flamand depuis l’annonce de ces mesures d’économie. Pour le secteur artistique et culturel bruxellois aussi, ces économies seraient un coup dur. « Bruxelles est une grande ville, avec un large pan de la société civile actif dans la culture. Les artistes bien connus et les jeunes débutants assurent une offre culturelle dans la ville, qui n’est possible que grâce aux subventions de projets. Ils font de Bruxelles une ville effervescente. Réduire de 6 % les subventions fixes de fonctionnement, et de plus de 60 % les subventions de projets, c’est anéantir toute diversité dans le secteur artistique et culturel », réagit Jan Busselen, député PTB au parlement bruxellois. Ce dernier rappelle d’ailleurs qu’il s’agit de la troisième vague d’économies en dix ans. « Avec ces nouvelles économies, on perd de nombreux talents, mais on freine aussi toute collaboration de part et d’autre des barrières linguistiques et sociales. Dans le passé, les collaborations entre maisons de la culture et organisations de quartier avaient déjà diminué, parce qu’il n’y avait pas d’argent. »
Reste à savoir quel sera précisément l’impact budgétaire de ces mesures pour Bruxelles. Michaël De Cock a déjà annoncé hier que ces économies représenteraient une coupe de 200 000€ dans les revenus du Théâtre royal Flamand de Bruxelles (KVS). « Si on fait le calcul pour le centre de la Muntpunt, on parle d’une perte de 160 000 €. Pour Bruzz, cela représenterait 377 000 € de moins. Les conséquences seront désastreuses pour l’ensemble du secteur à Bruxelles », explique Jan Busselen. « Bruxelles est un laboratoire pour le secteur, où germent les expositions et les grands artistes de demain. Les subventions de projets jouent un rôle essentiel dans ce processus. En sabrant dans ces subventions à hauteur de 60 %, le gouvernement flamand détruit davantage qu’on ne le pense. »
La colère gronde dans le secteur, et le parti de gauche PTB veut donner à ces protestations une voix au parlement. « Le secteur culturel a raison de réagir. Ces mesures sont une attaque contre notre société civile, qui est riche, diverse et critique. C’est pourquoi nous demandons une réunion d’urgence de la Commission de coopération entre le Parlement flamand et le conseil de la VGC. Mais nous réclamons aussi une audition au conseil de la VGC, pour donner la possibilité aux acteurs du secteur d’expliquer quelles seront les conséquences de ces économies. » Et elles seront bien plus grandes qu’on imagine. « Toute une partie de la ville dépend de cette offre culturelle. Prenez l’horeca ou le tourisme. Le ministre Benjamin Dalle peut s’attendre à de sérieuses contestations lors de cette audition », conclut le député de gauche.