Logement : le gouvernement promet un plan ambitieux… qui n’est pas dans le budget !

Hier s'est tenue la discussion du budget en commission logement du parlement bruxellois. Le Gouvernement se dit plus ambitieux que jamais. Mais les chiffres montrent qu'au contraire les ambitions affichées par le gouvernement dans son “plan d’urgence pour le logement social” ne seront pas appliquées. Seulement 5,2 millions d’euros seront ajoutés pour la construction de logements sociaux en 2020, soit moins de 30 nouveaux logements sociaux supplémentaires construits par an...

Françoise De Smedt, Cheffe du groupe PTB réagit : “Le gouvernement se vante que le budget du logement augmente. Mais en y regardant de plus près, le montant dégagé pour la production de logements sociaux en 2020 ne permettrait d’entamer la construction que d’une trentaine de logements sociaux en plus que ce qui s’est fait les années précédentes. Où est l’ambition capable de répondre aux besoins actuels? Au rythme de 140 logements produits en moyenne par an, il faudra encore 300 ans pour répondre aux besoins des 43 000 familles qui attendent un logement social !” 

Françoise De Smedt rappelle les principaux chiffres : “Depuis 15 ans la Région ne produit en moyenne que 110 logements sociaux par an. Si on soustrait les logements qui ont dû être retirés du parc, parce qu’insalubres notamment, nous arrivons au triste bilan de 446 nouveaux logements sociaux supplémentaires depuis 2012”. Et de poursuivre : “L’ambition affichée du gouvernement n’est donc pas crédible. La Secrétaire d’Etat PS, Nawal Ben Hamou, nous annonce hier que 235 logements seront réceptionnés en 2020. Dont une partie qui était déjà en cours de production les années précédentes. Où est l’ambition là-dedans?”

Françoise De Smedt met en perspective l’ambition du gouvernement bruxellois avec ce qui se fait ailleurs : “Helsinki, capitale de la Finlande, a produit 1781 nouveaux logements sociaux en 2018. Dix fois de plus que la moyenne bruxelloise de ces dernières années ! Dans les années qui viennent, Helsinki veut produire 7000 logements publics par an, dont plus de 3800 logements sociaux par an. Ça, c'est de l'ambition! Et pour une ville de 750 000 habitants, bien plus petite que Bruxelles. Les familles à Bruxelles attendent de vraies solutions. Elles n’ont d’autres choix pour le moment que de s’appauvrir en payant des loyers privés bien trop chers.”

La Secrétaire d’Etat avance d’autres solutions pour résoudre la crise du logement : allocation loyer, agence immobilières sociales, conventionnement des loyers, … Françoise De Smedt a également réagi hier lors de la Commission Logement : “Mais les montants pour l’allocation loyer en 2020 restent quasi les mêmes qu’en 2019. Il n’y a donc pas de solution de ce côté-là non plus. Quant aux AIS, les gros promoteurs immobiliers ont compris que le gouvernement leur garantit un beau rendement avec ce système et ils commencent à envahir ce marché également. Et nous n’avons reçu aucune garantie que les investissements dans les AIS seraient strictement réservés pour les petits propriétaires qui en ont bien besoin.” 

Quant à ce fameux conventionnement des loyers : “Pourquoi des partis comme le PS, Ecolo ou Défi continuent-ils à s’opposer à une grille des loyers contraignante pour encadrer le marché privé ? La Secrétaire d’Etat l’a répété plusieurs fois, le budget est serré, et nous venons avec une proposition qui ne coûte rien aux pouvoirs publics et qui pourrait aider la majorité des familles à Bruxelles. Mais ils n’en veulent pas. Encore une occasion ratée d’agir en urgence. Le PTB réintroduira une proposition d’ordonnance pour rendre la grille des loyers contraignante”.